Nous sommes une plateforme de défense des droits humains, de dénonciation, de sensibilisation et veille citoyen. Nous prônons la bonne gouvernance et l’alternance démocratique en Afrique. « Dans l’arène des vicissitudes de la vie, je suis venu, j’ai vu, j’ai combattu. Et même si je n’ai pas le succès ou la gloire à mes pieds, je reste convaincu que je suis un combattant et non et un con battu. »
L’image était forte : Mahamat Déby foulant le sol burkinabè lors du FESPACO, consolidant ainsi la présence du Tchad dans l’Alliance des États du Sahel (AES). Les réunions bipartites de la semaine passée laissaient présager une dynamique nouvelle entre N’Djamena et l’AES, avant qu’un coup de tonnerre ne s’abatte sur cette idylle fragile : l’invitation officielle de Marine Le Pen au Tchad. Un choix qui résonne comme un chant des sirènes pour les uns, une trahison d’Icare pour les autres.
Le projet de l'entrée du Tchad dans l'Alliance des États du Sahel (AES) marque un tournant stratégique majeur pour la région. Cette nouvelle s'inscrit dans une série d'événements diplomatiques récents, notamment la visite du président Mahamat Idriss Déby Itno au Burkina Faso lors du 29ᵉ Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (FESPACO), où le Tchad était l'invité d'honneur. Cette visite symbolise le renforcement des liens culturels et politiques entre les deux nations.
Les Enjeux Stratégiques de l'Adhésion à l'AES
L'AES, fondée en septembre 2023 par le Burkina Faso, le Mali et le Niger, vise à assurer la défense collective et l'assistance mutuelle entre ses membres, tout en favorisant une coopération économique renforcée. L'adhésion du Tchad à cette alliance peut être perçue comme une volonté de s'émanciper de l'influence traditionnelle de la France et de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), tout en recherchant une autonomie stratégique et économique.
Les Paradoxes de la Diplomatie Tchadienne
Cependant, cette orientation stratégique semble en contradiction avec certaines actions récentes du gouvernement tchadien. L'invitation officielle adressée à Marine Le Pen, figure politique française connue pour ses positions nationalistes, peut être perçue comme une ouverture de la boîte de Pandore, susceptible de libérer des tensions idéologiques et de brouiller le message d'émancipation vis-à-vis de l'influence française. Cette démarche pourrait être interprétée comme une tentative d'équilibrisme diplomatique, visant à ménager diverses influences tout en affirmant une souveraineté nationale.
Une Alliance aux Défis Multiples
L'AES peut être comparée à une Argonautique incertaine, où chaque État membre rame vers une vision commune de sécurité et de prospérité, tout en évitant les écueils représentés par Charybde et Scylla, symbolisant les menaces terroristes et les pressions économiques extérieures. La mise en place de passeports biométriques communs et la création envisagée d'une monnaie unique témoignent de cette volonté d'intégration profonde
Le Tchad face à ses Contradictions
Le président Mahamat Déby se trouve dans une position analogue à celle de Sisyphe, condamné à pousser un rocher d'engagements contradictoires. D'une part, il cherche à renforcer les liens avec ses voisins sahéliens au sein de l'AES, et d'autre part, il maintient des relations avec des figures politiques françaises controversées, ce qui pourrait être perçu comme une incohérence stratégique.
L'adhésion du Tchad à l'AES représente une étape significative dans la redéfinition des alliances géopolitiques en Afrique de l'Ouest. Cependant, les choix diplomatiques récents du gouvernement tchadien soulèvent des questions sur la cohérence de sa politique étrangère. Il est essentiel pour le Tchad de clarifier sa position afin d'éviter les paradoxes qui pourraient affaiblir sa crédibilité sur la scène internationale.